Vous connaissez la situation grave de la démographie médicale concernant la Médecine Générale qui menace l’accès aux soins de la population. En Picardie, il y a fin 2006 91 généralistes pour 100 000 habitants (82 dans l’Oise) contre 100 en moyenne pour la France.
Cette situation est rendue catastrophique par l’absence de mesure pour
Lettre du Docteur Marc BONY
A :
Madame, Monsieur le Président du Conseil Régional, Conseil Général,
Madame, Monsieur le Sénateur, Député
Madame, Monsieur,
Vous connaissez la situation grave de la démographie médicale concernant la Médecine Générale qui menace l’accès aux soins de la population. En Picardie, il y a fin 2006 91 généralistes pour 100 000 habitants (82 dans l’Oise) contre 100 en moyenne pour la France.
Cette situation est rendue catastrophique par l’absence de mesure pour l’enseignement de la Médecine Générale à l’université, amenant les étudiants à se détourner de la discipline, et les enseignants à être complètement découragés.
En effet, la Médecine Générale est maintenant une spécialité avec un 3e cycle de 3 ans ; qui repose sur : un enseignement théorique, des stages hospitaliers et un à deux stages de 6 mois chez des généralistes, un mémoire plus une thèse. Cet enseignement, ces stages et l’accompagnement des travaux d’écriture sont coordonnés par un département de Médecine Générale à la faculté de médecine d’Amiens qui fonctionne grâce à 3 médecins professeurs associés à temps partiel, aidés souvent bénévolement dans ces taches par des généralistes et environ 60 généralistes qui assurent les cours et reçoivent dans leur cabinet les stagiaires ; tout cela pour plus de 200 étudiants MG, soit autant d’étudiants que l’ensemble des étudiants des autres spécialités formés par le corps des médecins hospitaliers.
Le Sénat et l’Assemblée ont voté en janvier à l’unanimité la loi censée donner aux enseignants de médecine générale le statut universitaire qui leur manquait. Les états généraux de l’offre de soins ont conclu que la formation initiale des médecins généralistes était le premier domaine où des mesures urgentes s’imposaient pour arrêter la catastrophe démographique qui s’annonce.
Mais
1- Il n’y a toujours aucun titulaire de la discipline, 18 mois après la création d’une option médecine générale au sein de la sous section 53-01 du conseil national des universités. Nous venons d’apprendre que les premières nominations seraient une fois de plus, repoussées à 2009, contrairement à tous les engagements. Alors qu’il y a un besoin évident et pressant de quelques titulaires dans toutes les facultés, le ministère refuse de s’engager sur des chiffres.
2- L’enseignement et les fonctions universitaires sont assurées par militantisme et dévouement par des enseignants associés non titulaires. Ils sont 130 à mi-temps, rémunérés moins de 40% de la rémunération des titulaires pour un travail équivalent, pour plus de 5000 internes du DES ; ils gèrent le cursus de ces internes dans un ratio de 1 équivalent temps plein pour 100 internes, ratio 10 fois inférieur à celui de toutes les autres disciplines.
Nous venons d’apprendre que seuls 3 postes équivalents temps plein, soit 8 créations de postes d’associés, ont été accordées pour toute la France pour la rentrée prochaine, ce qui est absurde et contraire aux promesses de rattrapage faites devant les parlementaires.
Pour l’université de Picardie, la seule création de poste de Maître de conférence demandée a été refusée, laissant toujours trois enseignants de Médecine Générale « en poste » seuls face à des besoins croissants de formation des étudiants (organisation et supervision de l’enseignement et des stages, tutorat, accompagnement et jury de mémoires et thèses, organisation d’un stage en deuxième cycle afin que les étudiants découvrent notre discipline avant de choisir une spécialité, coordination inter-régionale....).
Nous osons à peine évoquer le statut des MG chargés de cours, CDD renouvelable à l’infini ou des maîtres de stage (enseignants cliniciens ambulatoires - ECA) en Médecine Générale qui accueillent les internes dans leur cabinet et ne sont dotés d’aucun statut véritable aux yeux de l’université française. Cela fait honte à notre système universitaire.
Acteurs au quotidien par notre travail non reconnu de l’acte de transmission de notre métier, de ses valeurs, des connaissances, du savoir de notre discipline dans une dimension véritablement enseignante (formés aux méthodes de la pédagogie et des sciences de l’éducation), nous tenons à vous faire savoir que le découragement nous guette et qu’en l’absence de réponses rapides des structures en charge du dossier, nombre de mes camarades envisagent de ne plus cautionner le « no man’s land » dans lequel, nous, enseignants de Médecine Générale, sommes abandonnés par les décideurs politiques.
Nous avons évoqué plus haut la crise démographique qui affecte déjà la Médecine Générale en Picardie, crise qui va encore s’amplifier dans les années qui viennent. L’accès aux soins est une menace réelle pour la population de notre région, notamment dans les zones éloignées de la capitale régionale.
La création d’une véritable filière universitaire de Médecine Générale est une des solutions à même de rendre plus attractive notre discipline en permettant à de jeunes consœurs et de jeunes confrères de venir la découvrir puis de l’exercer dans notre région, et tant en zone urbaine qu’en zone rurale éloignée des grands centres.
Madame, Monsieur, je vous demande d’entendre notre colère et notre découragement face à des années de promesses non tenues et de tout faire pour que les ministères entendent ce qui relève de la nécessité impérieuse, du respect des engagements pris et du bon sens le plus évident : titularisation des enseignants, nomination d’associés supplémentaires, reconnaissance statutaire du rôle des maîtres de stage (enseignants cliniciens ambulatoires).
Faute d’un signal fort de nos décideurs locaux, départementaux, régionaux et nationaux, après plusieurs années d’engagement pour la promotion de notre discipline auprès des plus jeunes, les médecins généralistes envisagent de cesser temporairement voir définitivement toute activité d’enseignement.
Dans l’attente de votre réponse et en vous remerciant pour votre action, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations distinguées
Pour le conseil d’administration du CGEP,
Son président
Dr Marc BONY